Restauration d'œuvre - Peinture anonyme du 17e s.

Une peinture anonyme du XVIIème siècle vient de rentrer de restauration.

Entrée dans les collections du musée en 1835 par un don de Louis-Félix Dupré-de-Loire (1807-1874), médecin et maire de Valence,  elle se trouvait en réserve depuis longtemps. L’objectif de pouvoir disposer d’œuvres complémentaires pour enrichir la présentation des salles consacrées aux XVIème-XVIIème siècles, et l’opportunité offerte par les Amis du Musée de financer ce projet, a décidé le musée à faire restaurer cette œuvre.

La restauration des biens des musées labellisés « Musées de France » est fortement encadrée. Les musées de France ont ainsi pour obligation de faire appel à des restaurateurs agréés par le Ministère de la Culture, et doivent également soumettre leurs projets de restauration pour avis à la commission scientifique régionale organisée par la Direction Régionale des Affaires Culturelles qui réunit de nombreux experts dans ce domaine.

La peinture qui nous intéresse représente une belle scène de paysage orageux alternant falaise rocheuse, bosquet d’arbres, avec en son centre, quelques figures humaines, dans le style du peintre italien Salvator Rosa (1615-1673).

L’œuvre présentait un aspect jauni du fait de l’oxydation de son vernis et un important réseau de craquelures. Le tableau avait été rentoilé, c’est-à-dire que sa toile était contrecollée sur une autre toile. Ce procédé était utilisé généralement pour consolider une toile originale comportant une déchirure. De plus, il n’y avait plus une bonne adhérence entre les deux toiles, notamment sur les bords. Le châssis, structure en bois qui accueille la toile, était faible (cassures, manque de certaines pièces).

La première partie de l’intervention a eu lieu dans l’atelier du restaurateur support, Thierry Martel. Le retrait du cadre a permis de constater que le format de l’œuvre avait été modifié au moment de l’opération de rentoilage réalisée certainement au XIXème siècle. En effet,  de la matière picturale a été retrouvée sur les bords repliés de la toile sur 2 cm. Il a été décidé de redonner à l’œuvre ses dimensions initiales.

Le rentoilage a été déposé, la toile originale nettoyée et examinée. Cette dernière était en bon état, ne comportait aucune déchirure, mais un tissage de grosseurs différentes : un gros fil vertical et un petit fil horizontal. La restauratrice a pu en déduire que le tableau avait été rentoilé, non pas pour consolider un accident du support toile (déchirure) mais pour stabiliser le réseau de craquelures prononcées et tout particulièrement les craquelures verticales, très marquées et en toits, en lien avec le tissage de la toile.

Le travail sur la couche picturale a ensuite été mené dans l’atelier de Caroline Snyers, restauratrice peinture. Trois couches de vernis superposées ont été identifiées au-dessus de la couche picturale : un premier vernis en surface, très jauni, puis un vernis brun, et au contact de la peinture un vernis jaune et dur.

Différents tests ont été menés pour permettre le choix de la formule chimique la plus adaptée à l’allègement des vernis.

Après retrait des vernis, il est apparu qu’à certains endroits la couche picturale était très usée ou qu’elle présentait de nombreux repeints. Ces derniers, situés majoritairement dans la partie inférieure gauche, et aussi le long de certaines craquelures qui avaient provoqué des départs de matière, ont été réduits autant que possible. Des fibres de papier, relicats de l’opération de rentoilage, étaient incrustées dans la peinture et il a fallu les retirer au scalpel.

La toile a ensuite été tendue sur un nouveau châssis, plus large de 2 cm, par-dessus une toile libre (non collée), qui vient en renfort de la toile originale. Ce dispositif s’appelle un doublage aveugle. 

Est ensuite arrivé le travail de réintégration des lacunes dans la couche picturale. Les manques sont comblés avec un mastic puis reçoivent des retouchés colorées. Certaines zones très usées ont été repeintes avec des petits points colorés pour ne pas perdre la lisibilité de l’œuvre (montagne en arrière-plan, plan d’eau au premier plan). La retouche a été menée par Caroline Snyers avec la contribution de Béatrice Damour.

Un vernis a ensuite été posé sur l’ensemble.

En parallèle, le cadre a été restauré par Philippe Boulet. La peinture a pu retrouver son cadre et regagner les réserves du musée avant une prochaine exposition en salle.

Julie Delmas
Responsable du Pôle collections-expositions
 
 
 
Légendes des photos :
 
Photo 1 : l’œuvre avant restauration © Caroline Snyers
Photo 2 : ensemble en cours d’enlèvement des vernis © Caroline Snyers
Photo 3 : Béatrice Damour (à gauche) et Caroline Snyers (à droite) en cours de retouche © Caroline Snyers
Photo 4 : oeuvre après intervention © Caroline Snyers
Photo 5 : revers de l’œuvre avec vue sur le châssis et la toile de doublage après restauration © Caroline Snyers
 
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