Les Thermes de Julien

Hubert Robert

1733 - 1808

1776
Sanguine
35 x 33, 5 cm
Signé, daté dans le bas à droite : Robert, 1766
D.96
Don J.-V. Veyrenc, 1835
© Musée de Valence

Information

Réalisée en 1766, peu après le retour en France, cette sanguine porte encore pleinement l’empreinte des années romaines, tant par ses caractères graphiques que par les ruines antiques dessinées par l’artiste. C’est sans doute pour cette raison que J.-V. Veyrenc, qui ne s’était jamais rendu à Rome mais a pourtant vécu à Paris, a identifié cet intérieur monumental comme étant les Ruines des thermes de Dioclétien à Rôme.
En effet, s’il s’agit ici bien de thermes antiques, ce sont ceux de l’antique Lutèce, dits de Julien ou de Cluny. L’histoire de ces thermes du Nord, à Paris, demeure encore mal connue, mais on s’accorde actuellement pour dater le monument du IIe siècle et, en raison de certains décors de proues de navires, y voir une fondation des nautes parisiens.
Comme l’a noté Émile Dacier dans un article de septembre 1913 dans la Revue d’art ancien et moderne, les thermes parisiens, alors occupés par un loueur de voitures et de chevaux, sont, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, sujet d’étude pour les historiens, source de curiosité et d’inspiration pour plusieurs artistes, dont Hubert Robert et Gabriel de Saint-Aubin (1724-1780), qui en 1764 en réalisera aussi plusieurs vues.
 
Hubert Robert s’attache ici à dépeindre l’impressionnante salle du frigidarium servant alors de d’écurie et de resserre.
Comme déjà en 1761 dans la Rotonde inspirée par les thermes de Dioclétien, ce qui frappe en regardant ce dessin, c’est la maîtrise avec laquelle il l’inscrit dans un cercle. Décentrant légèrement vers la gauche le lourd pilier d’angle, il compose un dessin qui joue, dans sa moitié supérieure, avec les savants entrecroisements des courbes de la voûte, des arcs des murs et des fenêtres. Au contraire, sa moitié inférieure est, elle, par opposition, constituée d’un ensemble plus raide de lignes droites, horizontales ou verticales, de sols, planchers et palissades. Contraste encore affirmé par les jeux mouvants de la matière toujours posée en larges hachures et le raffinement de la lumière entrant violemment par la baie pour épouser les formes de la voûte, dessiner au sol une vaste tache de lumière et créer la semi-pénombre des magasins et écuries.
Plusieurs oeuvres peuvent être mises en rapport avec cette sanguine. Tout d’abord, sa contre épreuve conservée à la bibliothèque municipale de Besançon, mais surtout deux petites peintures : la première, de diamètre légèrement supérieur conservée au musée des Beaux-Arts de Dijon, où la composition demeure la même mais où l’artiste a modifié l’éclairage et les personnages ; la seconde, rectangulaire cette fois, conservée au musée Carnavalet, qui en présente une variante.

 


Hubert Robert, Les Thermes de Julien, 1766, Sanguine © Musée de Valence, photographie Cédric Prat, Studio L'Œil Ecoute

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