Jardins de la villa Pamphili

Information

Peintre et dessinateur des ruines de la Rome antique des Césars et des architectures monumentales de la Rome des papes, Hubert Robert est aussi celui de la nature somptueusement disciplinée ou, au contraire, semi-abandonnée des villas de la campagne de Rome, Tivoli ou Ronciglione. Il accumule alors croquis et esquisses qui participent de ce nouveau sentiment de la nature qui se développe au XVIIIe siècle.

Ici, pour le parc de la villa Doria Pamphili, construite à l’ouest de Rome sur le Janicule, il offre une vision quasi panoramique, bien que légèrement désaxée, sur les hautes arcatures du soutènement semi-circulaire de la terrasse. L’artiste a, comme il le fait souvent, choisi un point de vue volontairement en biais depuis l’angle droit de la feuille. Les larges hachures légèrement montantes qui figurent le sol, les arbres, les feuillages et l’énorme vase circulaire, qui envahissent le côté droit du dessin, tracés dans une matière dense et vigoureuse, prennent une dimension monumentale et cadrent la courbe gracile des arcatures, dont la lointaine et lumineuse clarté est renforcée par l’alignement sombre des hauts pins parasols qui la sépare du ciel, lui aussi zone de lumière et de chaleur à peine esquissée.

Le système graphique énergique et enlevé, les petits personnages anguleux dessinés de manière très schématique, les feuillages, traités en zigzags serrés proches de ceux du Temple de la Sibylle à Tivoli et de nombreux autres dessins de la collection valentinoise réalisés entre 1760 et 1762, permettent de dater ce dessin vers 1761-1762. On peut noter que Fragonard a réalisé une sanguine du même site, à peu près selon le même point de vue, mais qui, prise de plus loin, nous montre un paysage plus vaste et une perspective plus lointaine vers la gauche.